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Equipes nationales de football, masculine/féminine : offre poussive ?


De l’engouement pour la Coupe du monde féminine aux piètres résultats de l’équipe masculine en préparation de l’Euro 2016, le maillot bleu national de football devient un stéréotype audiovisuel aux dépens d’un public acquis à la cause du sport collectif le plus universel… Car les médias ne nous diraient pas la réalité des choses…

« DESCHAMPS A REUSSI L’IMPOSSIBLE… ELLES SONT 3EME AU CLASSEMENT FIFA » entendait-on partout il y a encore peu de temps. Mais de trois mauvais matchs amicaux pour les hommes, à une élimination précoce faisant du bruit, bon comme mauvais, pour les femmes, les médias sportifs français semblent jouer à l’amour fou avec les bleues, mais à l’amour vache avec les bleus. Mais n’est-ce pas en décalage avec la réalité du sport pratiqués par nos concitoyens et concitoyennes professionnelles ? Transperçons la surface à défaut du filet…


Homme : problème d’attitude ou problème de niveau ? Pas si simple


« Vous n’êtes pas des professionnels… J’ai l’impression que vous vous préoccupez davantage de vos coupes de cheveux que de votre matériel », aurait clamé le sélectionneur des bleus. DD la providence, célébré en héros après la qualification de justesse au mondial 2014 (étiqueté du Monsieur qui gagne partout où il passe), n’aurait donc pas remis la sélection au travail ? En même temps, deux matchs notables sur cinq et une élimination suite à une performance norme face à Die Mannschaft au mondial 2014, c’est un bon début... Puis les bleus ont enchaîné des matchs amicaux intéressants jusqu’à la fin de l’année civile. Depuis, y-a-t-il vraiment eu des mauvais comportements? Pas spécialement même si les joueurs sont toujours accrochés à leur planète dénommé mégalomanie ou tabloïd (Benzi et Riri). Mais en 2015, de l’enchaînement de trois défaites consécutives, des joueurs titulaires encore indiscutables hier tombent en chute libre aujourd’hui.


Yohan Cabaye est une bonne illustration, portant son spleen depuis un an et demi au Paris Saint-Germain et ce n’est pas sûr qu’il retrouve son niveau d’antan… Et des seconds couteaux, à trop parler, peuvent se voir disparaître de la sélection : Olivier Giroud catalyse ce constat, deux fois titulaire sur les derniers matchs de la saison en bleu, il n’a pas fait la différence lors de l’absence ou de méforme de Karim Benzema. Pourtant, il n’y a si longtemps, il prétendait être du même niveau que les autres attaquants du « Big 4 », (les deux Manchester, Chelsea et Arsenal). Mais est-ce vraiment un exploit de finir devant un Manchester United en reconstruction ? D’ailleurs il n’est même pas le meilleur buteur des Gunners, c’est Alexis Sanchez, qui est aussi meilleur passeur du club. On pourrait encore citer le cas de la défense centrale de la Coupe du monde où aucun des deux n’est titulaire dans son club, l’absence de concurrence entre les arrières latéraux (la victoire des trentenaires Evra et Jallet) ou les milieux qui ne progressent pas ou plus (Sissoko, Gonalons…). Nous sommes donc à un an de l’Euro à domicile sans fond de jeu avec un réel problème d’onze-type. Le souci n’est pas juste comportemental chez les hommes… Alors, chez les femmes, ce serait juste un problème de niveau car le football féminin n’est pas assez développé ? Pas si simple…


Talons Vs Crampons (attention paragraphe sans machisme ni snobisme)


« Faut-il en arriver là pour que vous veniez nous voir ? » clamées les footballeuses en tenue d’Eve pour une campagne de promotion du football féminin. Mais le temps a changé semble-t-il, le public français du football s’est emballé pour les féminines, qui ont pourtant un palmarès vierge, avec deux places du con : quatrième au mondial 2011, quatrième aux Jeux Olympiques de 2012. On peut reprocher au football féminin d’être limite techniquement, il est, mais on peut lui reconnaître son jeu direct tourné vers l’avant sans fioriture ni tricotage. D’ailleurs je voudrais préciser un point particulier : porter la balle n’est pas dribbler et les consultants sportifs français semblent un peu l’avoir oublié. Car dans le football féminin on porte plus la balle qu’on la conduit et il est plus souvent cas de contre favorable pour mener le ballon que de véritable dribble ou course de balle. Par exemple, Elodie Thomis a la qualité d’être rapide, d’être une joueuse de vitesse, mais de là à dire qu’elle est technique et dribbleuse, non. Pour Louisa Necib ou Eugénie Le Sommer, en contre-exemple, oui, elles sont techniques, mais pas rapides. Ce constat est similaire à de nombreuses joueuses : réussir à passer une adversaire n’est pas gage de technicité ou de virtuosité, mais malheureusement plus une preuve de chance dû au manquement de technicité défensive, j’ai trop vu de geste défensif consistant uniquement à balancer la balle en touche ou en corner durant ce mondial féminin... L’enthousiasme aidant des commentateurs ou animateurs d’émission sur la compétition nous porteraient à faux ?


On peut aussi reprocher au football féminin un manque de rythme et de vitesse de jeu, c’est vrai, mais on peut lui reconnaître un jeu plus collectif et plus solidaire. Par contre les écarts de niveau et d’adversité entre équipes nationales ou clubs sont parfois alarmants (les disparités entre les six premiers clubs et les autres équipes de D1 française ou le dernier match de poule France-Mexique par exemple), la qualité des gardiennes est loin d’être rassurante, l’occupation de l’espace est mauvaise (pas vraiment de pressing, pas vraiment de marquage, même en zone) mais elles ne simulent pas et acceptent de prendre des coups à en saigner. D’ailleurs c’est un des points communs des deux quarts de finale Allemagne-France et Chine-USA, un point névralgique de mon argumentation.


Talents Vs Crampons (attention paragraphe toujours sans machisme ni snobisme)


Ces deux matchs illustrent très bien l’état actuel du football féminin. Premièrement attaquons par le match qui nous préoccupe, nos bleues. Je rappelle à nouveau le postulat où les médias veulent s’assurer leur féminité (séance de photographie Harcourt) tout en les présentant comme athlètes de haut niveau. Mais est-ce le bon choix quand les ambassadrices sont Laure Boulleau, joueuse correcte du PSG mais pas flamboyante (pas sûre que la consultante à temps partiel de Bein soit la meilleure à son poste de latérale gauche) ou Gaëtane Thiney, l’attaquante de Juvisy, dont la prestation de ce mondial est énigmatique (aucun but marqué et un immanquable aux prolongations face à l’Allemagne).


Heureusement qu’il y alors le juste milieu, avec justement la milieue Amandine Henry. En poste 8 (vous savez le poste le plus classe du football actuel http://bit.ly/1Iyji6Y), la joueuse de l’Olympique Lyonnais originaire du nord s’est montré la meilleure française du mondial, capable d’assurer à la fois le travail défensif tout en se projetant rapidement vers l’avant, combiné à une bonne frappe de balle. Revenons au quart de finale. Du défi du match à gagner contre les allemandes, on a vu ce qu’il y a rarement en football féminin : l’intensité, même si elle a disparu dans les prolongations, plus personne n’ayant de gaz dans le moteur. Une bataille à chaque ballon, un défi athlétique proposé et relevé, une multiplication des courses aller-retour et un bon pressing des françaises. On voyait l’envie et la volonté, dont l’entrante Claire Lavogez est une belle illustration (elle essaye vraiment tout et n’importe quoi) avec son approche fun et ludique du football et sa capacité d’explosivité, malgré qu’elle rate son tir au but décisif. Et d’une défaite contre l’Allemagne, on ressort la vieille ritournelle de Seville 82 : la meilleure équipe a perdu et c’est à cause de l’arbitrage. Attention entre la déception et la malhonnêteté (le second terme utilisé est un euphémisme), il n’y a qu’un pas. Car, si la meilleure équipe n’est pas capable de marquer dans son temps fort elle doit accepter et digérer qu’elle n’est pas dans l’absolu ni fondamentalement meilleure que l’équipe qui la fait déjouer.


Donc les bleues sont meilleures que l’Allemagne le temps d’une mi-temps… Saluons leur prestation mais ne minimisons pas leur défaite car elles sont les premières coupables et elles tardent à mon sens à progresser, peut-être la faute au coach qui n’installe pas suffisamment une formation ou un style de jeu en adéquation aux profils des joueuses. Par contre l’intensité n’était pas si présente entre les chinoises et les américaines, mais il y avait autre chose… La construction fluide et lisible d’offensives. On prenait le temps de repartir en arrière pour préparer l’attaque, on enchaîne les passes à une touche et on n’hésite pas à multiplier les passes latérales pour se rassurer mutuellement et installer de la sûreté. Et les américaines sont techniques (Alex Morgan et Carli Lloyd, excellentes) avec un jeu tentant la percée dans l’axe, sinon l’astuce et la malignité d’écarter sur les côtés afin de centrer (une chose pas très courante dans le football féminin). Pour promouvoir le football féminin, il n’est donc pas certain que ce soit l’équipe française à laquelle on fasse référence, ni à laquelle on pense d’emblée. Mais nos joueuses ont des individualités et des spécificités, qui ne sont pas encore imbriqués à la hauteur d’un grand jeu collectif, athlètes de haut niveau mais pas assez « pro »… Pourtant de quarts de finale intéressement joués, viennent la déception des demi-finales, tombant dans le stéréotype du mauvais football masculin : fautes grossières dans des zones dangereuses, simulations validées par un mauvais arbitrage. Par conséquent, sur cinq buts marqués, un seul réalisé en cours de jeu pour trois penalties et un but contre son camp.


Programme de football, programme acquis ?


Il faut quand même se rendre compte que tout ce spectacle footballistique est sur la TNT, donc les chaînes dites gratuites et les audiences sont là, France-Allemagne est la plus grande audience TNT de l’histoire. Mais ce sont les rares programmes sportifs présents sur ces chaînes, mainmise de Canal + et BeIn obligent… La télévision française ne semble plus vouloir investir dans les droits de rencontres sportives hormis quand c’est le maillot bleu.


C’est là-dedans que réside l’amour du public pour les femmes de football, dont les médias ont essayé de vendre une victoire finale face au difficilement comestible Jeux Européens de Bakou diffusé au même moment. Le public y a cru, certains en ont été déçu (mon cas) d’autres y entrevoient l’espoir… Pour 2019. En même temps, le football est devenu un programme télévisuel en soi. En effet, avec un choix d’une dizaine de matchs par semaine répartie sur six chaînes (Canal +, Canal + Sport, Sport +, Eurosport, BeIn 1 et 2), les téléspectateurs sont d’ores et déjà une cible, acquis au bouquet football hebdomadaire. Alors les joueuses deviennent une variable, de XY on passe à XX. Quid du Basket ?


L’alternative crédible basket


Déjà ils gagnent, champions d’Europe en titre pour les hommes, double fois championnes (2001 et 2009) et vice-championnes d’Europe (2013 et 2015) pour les femmes, « les braqueuses » n’ont rien à envier aux hommes… Ils ont un meilleur comportement également, plus terre à terre, plus proches des réalités et plus chaleureux. Ils ont montré leur capacité à se transcender, femme comme hommes, contre leur bête noire : l’Espagne. En même temps, les fameux 24 secondes et retour en zone amènent logiquement à une forte intensité, passant par une dimension athlétique et une grande vitesse de jeu.


Mais la culture basket reste cantonnée aux passionnés, dédicace aux noctambules restant devant la NBA à pas d’heure. De plus le manque d’experts médias en France ne relaie pas l’engouement du public français suscité par ce sport : la tension du money time, la qualité d’adresse à 3 points (Stephen « Baby Face Assassin » Curry) en NBA, l’enchaînement de performances hors-normes (Lebron James et le concept du double double voire triple double) en Playoffs et la consécration du style de jeu small ball (Steve Kerr avec ses Golden State Warriors, Valérie Garnier et « ses braqueuses », même élan, même combat).


Au final on revient toujours à la passion du maillot bleu, à visibilité variée mais toujours en progression. Par conséquent que ce dynamisme aille de pair avec le jeu des équipes, sans besoin de volonté égalitariste, la raison cachée de la diffusion de football féminin ? Sinon, mettez-vous au basket.


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