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Mission impossible chez les Rivers

Coach ô combien légendaire, Doc Rivers fait peut être face à son plus intime défi, celui d’un père : remettre son fils, Austin Rivers, sur les rails de la gloire.


Alors qu’il y a encore quelques semaines, un débat faisait rage pour savoir si les jeunes joueurs devaient obligatoirtement rester deux années - au lieu d’une aujourd’hui - à la Fac, Austin Rivers était le meilleur exemple des défenseurs de cette idée. Après avoir été le meilleur lycéen de sa génération, la carrière d’Austin est allée trop vite. Un peu comme son jeu, elle a confondu vitesse et précipitation. En ne faisant qu’une année dans le programme de Duke, l’un des plus prestigieux du pays, c’est un joueur frêle et trop brut qui est arrivé en NBA. Après un lancement moribond, pour ne pas dire mauvais (6,9 pts à 38% au tir en trois saisons), le voilà chez les Clips de papa.


Le tout-à-l’envers


Si Doc Rivers est un coach génial et que le talent de son gosse est indéniable, est-ce qu’un bon père peut devenir un bon boss ? Le Doc se montre, lui, plutôt optimiste « Je pense que je n’aurais pas voulu le faire il y a encore un an. Aujourd’hui, je suis prêt. Je pense que l’équipe l’accepterait ». Mais qu’a-t-il bien pu changer pour que la transition se fasse ? En réalité, le recrutement d’Austin ressemble plus à un sauvetage qu’à un vrai complément. Le kid a un problème de poste, ni un meneur de jeu, ni un arrière, il a une bonne agressivité mais sans la puissance qui doit l'accompagner, un shoot peu fiable (33% à trois points en carrière) et des fondamentaux douteux.


Malgré tout, bien malin qui peut deviner quel coach serait mieux placé que Rivers pour entraîner Austin. Mais est-ce le plus important ? Dans une interview accordée à NBA.com, M. Dunleavy Sr expliquait pourquoi, en 2006, alors coach de ces mêmes Clippers, il avait refusé de récupérer son fils Mike Dunleavy Jr. « Je lui ai dis que, s’il voulait vraiment que je le coach, je devrais être plus dur avec lui que les autres. Les gens vont dire que c’est trop facile, que tu ne le mérites pas. En plus, il faut que tu sois dans une équipe de vétérans pour que le groupe l’accepte. » Ce groupe de vétérans, les Clippers l’ont, mais Doc Rivers peut-il être plus dur avec son fils qu’avec les autres ? Austin en a-t-il le niveau ? A l’évidence non. Dans une rotation qui comporte des éléments comme C. Paul, J. Crawford ou JJ Reddick, les minutes sont rares et chères. Mais Dunleavy va encore plus loin. « Le vestiaire est un sanctuaire où le coach n’a pas sa place. Je ne mettrais jamais mon fils dans une position où il pourrait se demander s’il doit me dire certaines choses ». Ce qu’il pointe est primordial. Outre la difficulté pour Rivers-fils de s’imposer chez un prétendant au titre, l’intrusion d’un élément si proche du coach, bien que l’ensemble du groupe adoube le Doc, pourrait casser une dynamique déjà bien fragilisée par la saison en demi-teinte des Clippers.


Des débuts ratés


Si l’association père-fils est une première en NBA, elle ne l’est pas à l’échelle du monde du sport. On peut prendre un exemple dans notre ligue 1, à l’OGC Nice avec les Puel, Claude et Grégoire. Rapidement, le fiston a été pris en grippe par les supporteurs Aiglons. En dépit de performances moyennes, il a toujours gardé la confiance de son père et les Niçois y ont vu une sorte de cocoonage mal venu. Les débuts sont absolument primordiaux dans ce genre de cas, en particulier les premiers matchs à domicile. Ils donnent un avis aux fans et lorsque l’on connait l’importance du soutien des supporteurs sur le moral d’un joueur, on comprend pourquoi ils ne doivent sous aucun prétexte être ratés.


Malheureusement, les deux premières rencontres d’Austin Rivers ont été un désastre. Non seulement il a été très mauvais avec un maigre point en 27 minutes, accompagné d’un 0 sur 7 qui fait tache, mais les Clippers se sont inclinés lors du premier (contre les Cavs 126-121). Pire, des premiers sifflets sont même sortis des travées de la salle.


Course contre la montre


La NBA est un monde difficile où les carrières ne durent en moyenne que légèrement moins de cinq ans. Alors qu’il ne lui reste qu’une année et demi de contrat, Austin Rivers entame une pente importante de sa carrière. Si sa hype ne le sauvera pas toute sa vie, elle devrait quand même lui permettre d’obtenir un nouveau bail au terme de celui-ci. N’en reste que certains moments de votre carrière sont plus décisifs que d’autres. Au-delà des questions de technique, à ce niveau, le basket est avant tout un sport de confiance. Une notion assez fluctuante pour bien des joueurs et qui doit se cultiver. A défaut de ne pas tout faire pour la redonner à son fils, le Doc a probablement choisi le moins bon des remèdes.


Benjamin Revel


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