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Autopsie d’un fiasco OU La preuve par sept

Sortir en demi-finale de coupe du monde à domicile. C’est une belle performance. L’Allemagne l’a fait en 2006, la Corée du sud en 2002. Mais sortir sur un 7-1 est révélateur d’une équipe mal préparée et organisée.

POUSSIF dès le début de la compétition. Le Brésil sort comme châtié du peu qu'elle a montré. En plus de jouer à domicile, l'arbitrage était favorable à la Seleçao. Si ce n'étaient pas ces deux éléments "en jeu", on avait alors droit à des match accrochés où la chance, que dis-je, la foi, intervenait.


Le futball sur-joué

Depuis 1958, le football brésilien a installé un dogme de jeu semblable à de la samba festive ou de l’otarie de cirque. Mais, le football, de manière générale, a changé radicalement ces quinze dernières années. En effet, du cattenacio italien des années 90 qui consiste à défendre groupée et très bas pour contre-attaquer, au défi athlétique collectif du début des années 2000 où l’on préfère jouer physique en privilégiant les ballons longs, - la marque de fabrique des clubs anglais - le jeu espagnol a réinterprété le style brésilien, il y a cinq ans, avec un rendement très efficace. Un jeu basé sur le redoublement de passes dans les petits espaces, faits par des joueurs au petit gabarit toujours en mouvement vers.


On remarque que l’équipe brésilienne possède de moins en moins de danseurs de samba, pour des profils plus « européens » que sont Luis Gustavo, Fernadinho ou Paulinho, censés être les métronomes du milieu de terrain, Fred le point de fixation, ou le capitaine Thiago Silva. Alors, le meilleur atout d’une équipe réputée offensive est son défenseur central ? Cela n’empêchait pas de créer un jeu métissé « brésiliano-européen », mais il n’y en a pas eu. A la place, on a choisit le sur-jeu : on exagère l’émotion des hymnes nationales, des buts marqués. On sur-joue les fautes subies, la tension des tirs au but. Bref on sur-joue qu’on est à la hauteur de ses ambitions et peut-être même qu’on amplifie le rôle « efficace » d’une psychologue…


Mysticisme à domicile


Alors à quoi se rattacher ? À la foi et au fait de jouer à domicile. Rappelez-vous qu’un christ est en totem à Rio de Janeiro… Que le football au Brésil est une religion. Le public a aidé jusqu’en quart de finale une équipe que seuls les coups de pied arrêtés ont aidé (leurs trois derniers buts sont issus de ces phases).


Mais essayer l’extase lors d’une compétition sportive n’est pas une bonne idée. La religion, la foi, a ses effets positifs mais ne règlent pas tout. Surtout en sport. Le football se rapproche, comme le dit le journaliste Hubert Arthus « plus de la politique que de la religion », il est plus fondée sur l’impatience, sur la popularité que sur l’obédience ou la foi. Thiago Silva ne peut pas s’en remettre uniquement à Dieu, que ce soit en bien ou en mal.


«Comme tout bon Brésilien, quelle que soit votre religion, vous croyez en Dieu. Je crois en celui qui est là-haut, qui a donné sa vie pour nous et je crois beaucoup aux choses qu'il met sur mon chemin. Durant les matches, le fait de croire me motive. Je me souviens particulièrement de deux rencontres : lors du Trophée des champions au Gabon face à Bordeaux et un autre à Barcelone quand j'étais encore à Milan. Ce sont deux parties durant lesquelles je lui ai demandé quelque chose, car les deux matchs étaient compliqués. Contre Bordeaux, il y avait match nul, on allait aux prolongations. Le second, nous étions menés au stade de Camp Nou, à Barcelone, et, lorsque j'ai couru en direction de la surface, j'ai demandé à Dieu de m'aider à marquer. C'est alors que Seedorf a tiré le corner et que j'ai marqué le but de l'égalisation.»

Alors pourquoi pleurer et refuser de participer à la séance de tirs au but contre le Chili ? Et, ajoutons l’importance de sa foi lors de sa période malheureuse de tuberculose. Neymar, c’est un pasteur pentecôtiste qui lui aurait prédit son futur statut de footballeur de classe mondiale. Mais ces déclarations de foi ne sont vraiment pas en accord avec un football qui est devenu bien trop complexe, par ses enjeux d’images, ses enjeux économiques et l’attente tantôt avide, tantôt chaleureuse du public. La pratique religieuse est avant tout une affaire intime et privée, certes un sentiment communicatif mais personnel avant tout.


L’avantage de cette défaite est qu’elle s’est établie dès les 30 premières minutes, le peuple brésilien a eu une heure pour vomir sa rage, sa colère et pleureur toutes les larmes de son corps. Maintenant, il leur faut penser à la tabula rasa qui les attend dans le domaine footballistique et se tourner sur les élections présidentielles d’automne. Car ce mondial n’a pas réussi à masquer la conteste sociale des brésiliens. Pour ça, il aurait fallu que leur équipe gagne la coupe du monde.


Hamburger Pimp


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